Quel pays paie le mieux les infirmières ?
Le métier d’infirmière est l’une des professions les plus exercées dans le secteur médical. Cependant, depuis la crise du Covid-19, le manque de main d'œuvre s’alourdit considérablement. En cause notamment, les conditions de travail mais surtout les salaires peu attractifs en France. Mais qu’en est-il de la Suisse ? France vs Suisse : quel pays paie le mieux les infirmières ? Pour en savoir plus, suivez le Guide !
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Quel est le salaire d'une infirmière en France ?
Pénurie d’infirmiers en France
Selon une étude menée par Pôle emploi, plus de 45 000 recrutements d’infirmiers étaient prévus en 2023 pour pallier la pénurie de personnel soignant en France, notamment depuis la pandémie de Covid-19. Un recrutement difficile qui place le métier d’infirmier dans le top 20 des professions en forte demande de main d'œuvre mais qui peinent à recruter, en raison du manque évident de candidats dans le milieu. En cause, notamment, les différences de salaires liées aux différents secteurs (hospitalier, privé, libéral) et spécialisations du métier d'infirmier - appelé IDE pour Infirmier Diplômé d’Etat (infirmier de bloc IBODE, infirmiers anesthésistes, puériculture etc.).
On estime à 14 600 le nombre de postes vacants dans le secteur privé selon l’OPCO Santé.
Salaires d’une infirmière en France
L’écart de salaire entre les infirmiers varie donc selon plusieurs critères : d’une part, son secteur d’activité (public, privé, libéral), sa spécialisation, ses diplômes, son expérience et son ancienneté.
Dans le secteur public
Le salaire d’une infirmière dans le secteur public, notamment en milieu hospitalier, varie entre 1.891,51 et 3.264,07 euros brut mensuels selon son échelon.
Spécialité | Échelon | Salaire mensuel brut hors primes et heures supplémentaires |
Infirmier en soins généraux diplômé d'État (IDE) | Grade 1 | entre 1.891,51 et 3.264,07 € |
Grade 2 | entre 2.046,71 et 3.501,72 € | |
Infirmier de bloc opératoire diplômé d'État (Ibode) | Grade 2 | entre 2.046,71 et 3.501,72 € |
Grade 3 | entre 2.260,11 et 3.705,42 € | |
Infirmier anesthésiste diplômé d'État (IADE) | Grade 2 | entre 2.158,26 et 3.501,72 € |
Grade 3 | entre 2.682,07 et 3.705,42 € | |
Infirmier en pratique avancée (IPA) | Classe normale | entre 2.158,26 et 3.501,72 € |
Classe supérieure | entre 2.682,07 et 3.705,42 € | |
Infirmier de puériculture | Grade 2 | entre 2.046,71 et 3.501,72 € |
Grade 3 | entre 2.260,11 à 3.705,42 € | |
Infirmier scolaire (Education Nationale) |
| entre 1.891,51 et 3.264,07 € |
Infirmier dans la fonction publique |
| entre 1.891,51 et 3.264,07 € |
Dans le secteur privé
Le secteur privé concerne les établissements privés comme les cliniques, les entreprises ou encore les associations. Encore une fois, selon la structure de travail, l’expérience et l’ancienneté, un infirmier dans le secteur privé peut prétendre à un salaire compris entre 2.083 et 2.917 euros brut mensuels. Un infirmier du travail peut obtenir un salaire supérieur, entre 25 000 et 33 000 euros bruts par an, selon son poste.
En profession libéral
Exercer le métier d’infirmier en libéral permet d’organiser son temps de travail, d’aménager ses horaires et d’augmenter sa rémunération. Selon l’UNASA (Union Nationale des Associations Agréées), un infirmier libéral en France, toutes spécialités confondues, percevrait une rémunération moyenne annuelle estimée à 49 268 euros, soit environ 4106 euros par mois après paiement des charges et avant prélèvement de l’impôt sur le revenu (données 2021, UNASA).
Quel est le salaire des infirmières en Suisse ?
Infirmier en Suisse : le marché de l’emploi
Le marché de l’emploi en Suisse concernant les infirmiers est très largement ouvert, autant aux Suisses qu’aux frontaliers et à la main-d'œuvre étrangère. En effet, on compte entre 30 et 40 % de personnel soignant étranger en Suisse. Le secteur médical, notamment les infirmiers, sage-femmes et médecins sont très recherchés dans les hôpitaux ou établissements de soins. Les frontaliers sont d’ailleurs nombreux à se rendre en Suisse chaque jour pour exercer leur activité d’infirmier, notamment dans les hôpitaux proches de la frontière : Bâle, Genève ou encore Lausanne.
Les salaires suisses chez les infirmiers
Le salaire des infirmières en Suisse (à temps plein) est estimé en moyenne aux alentours de 6 553 francs suisses mensuels, soit 6947,66 euros par mois (conversion CHF/EUR au 27/12/2023). Un salaire brut mensuel nettement supérieur à celui des infirmiers français. Les primes et variations de salaire, en fonction de l’ancienneté ou de la spécialisation, avoisinent en moyenne 1053 francs suisses, avec une fourchette comprise entre 765 et 5580 francs suisses par mois.
Côté libéral, le salaire d’un infirmier se situe en moyenne entre 4500 et 6500 euros mensuels.
France vs Suisse : quel pays paie le mieux les infirmières ?
Les cantons qui paient le mieux
Même si la Suisse possède un salaire moyen nettement supérieur à celui de la France, notez que certains cantons paient mieux que d’autres. En effet, on retrouve certaines disparités salariales entre les cantons, avec, par exemple, Genève qui propose une rémunération particulièrement attractive, même pour les infirmiers récemment diplômés.
Exemple de salaires par cantons pour une infirmière diplômée d’une HES, de niveau cadre-inférieur.
Canton | Salaire mensuel brut (hors 13e mois et heures supplémentaires) |
Genève | environ 8 364 CHF |
Zürich | environ 7 741 CHF |
Vaud | environ 7 292 CHF |
Bâle-Ville | environ 7 149 CHF |
Fribourg | environ 7 110 CHF |
Tessin | environ 6 412 CHF |
De meilleures conditions de travail
Horaires de travail, heures supplémentaires, arrêts maladies, remplacements : être infirmier en France c’est aussi s’adapter à un rythme intense et des conditions de travail particulières. Qu’en est-il de la Suisse ? Selon les témoignages de frontaliers travaillant en tant qu’infirmier en Suisse, les conditions de travail sont meilleures : valorisation de son travail, aides soignants pour épauler les infirmiers, nombres de patients limités par soignant (7 par jour contre 16 en France), cadres de santé à l’écoute. La charge de travail est ainsi mieux répartie, avec la mise en place de binômes et de roulements, d’une organisation hiérarchique qui permet de se référer à sa direction en cas de besoin.
Cependant, le métier d’infirmier en Suisse reste le même qu’en France : les temps de trajet pour se rendre à l’hôpital sont conséquents, les amplitudes horaires impactent sur la vie de famille et les gestes de soins, le rapport aux patients est similaire.
La frontière française désertée
Avec de tels salaires, il est évident que la Suisse attire davantage les infirmiers que la France. Une attraction qui n’est pas sans conséquence pour les régions limitrophes : en effet, on assiste à un désert médical important côté français, notamment dans l’Ain, la Haute-Savoie et l’arc jurassien. En effet, selon une étude publiée le 2 novembre 2023, près d’un infirmier sur 6 vivant dans l’arc jurassien travaille en Suisse, ce qui a pour conséquence de créer une pénurie locale importante dans le secteur.
Les salaires des infirmiers dans les autres pays du monde
Selon l’OCDE, la France fait donc clairement partie des pays qui paient le moins bien leurs infirmiers, avec sa 30e position sur un classement de 32 pays (données 2019). En dehors de la Suisse, d’autres pays sont en pôle position concernant l’attractivité de leurs salaires comme le Mexique, avec un salaire 74 % supérieur au salaire moyen de sa population globale. La Belgique et l’Espagne suivent, avec respectivement + 47 et + 41 %.
Malgré une pénurie avérée en France, les infirmiers n’hésitent pas à traverser la frontière pour aller travailler en Suisse. Grâce à ses salaires plus élevés, et ses conditions de travail, la Suisse sait attirer les infirmiers étrangers pour pallier son manque de personnel soignant. La Suisse est donc l’un des pays qui paie le mieux les infirmières, mais qui propose aussi une qualité de vie professionnelle plus attractive. Une tendance qui, hélas, continue d’impacter la France et d’alourdir la pénurie de soignants, notamment dans les régions limitrophes comme l’Ain, la Haute-Savoie et l’arc jurassien.
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